Ce que vous voyez sur cette image de une, ce sont des photos issues d’un des voyages de presse organisés dans la presse tech par des marques tech. J’en ai profité pour m’interroger sur ces séjours organisés pour les journalistes et ça a donné mon mémoire de recherche en M2 Communication Rédactionnelle Dédiée au Multimédia à l’Université Paris-Nanterre. Le voici disponible à la lecture.
Une recherche qui fait suite à deux autres mémoires de recherche consacrés au même domaine :
- La concentration de la presse tech en ligne en France (2023) ;
- Tests de produits dans la presse tech : quelles sont les contraintes qui pèsent sur les journalistes ? (2024).
Voyages de presse dans la presse tech : le résumé détaillé
Cette recherche porte sur les voyages de presse organisés par des marques (le plus souvent spécialisées dans les nouvelles technologies informatiques) auxquels des journalistes issus de médias écrits en ligne français spécialisés dans la « tech » participent. Cet écosystème médiatique n’a jamais été étudié par les sciences sociales, bien qu’elles aient pu étudier les voyages de presse. Ce alors que ces médias sont lus par des millions d’internautes chaque mois et qu’ils jouent un rôle de conseil d’achat. Ce mémoire de recherche se concentre sur les problématiques qui pèsent sur les journalistes lors de ces déplacements, les relations avec les représentants des marques, les autres journalistes, dans un contexte socio-économique difficile pour ces médias. Il examine quels sont les dangers déontologiques qui menacent cette « presse tech » et quelles sont les stratégies adoptées par ses journalistes pour les surmonter.
Le choix du sujet
Mon mémoire de recherche précédent portait sur les tests de produits dans la presse tech. C’est en interrogeant des journalistes pour ce travail que la question des voyages de presse est apparue, soulevant pour eux une problématique éthique majeure et non anticipée. C’était un sujet qui revenait tout le temps, avec des journalistes ayant peur d’une forme de corruption morale et ne sachant pas s’ils pouvaient passer au-dessus de l’influence des agences de relations presse et des marques. Ce qui m’a amené à m’interroger sur la question des voyages de presse dans ce domaine journalistique pas assez étudié par les sciences sociales.
Que retenir ?
Comme la presse de style de vie, la presse vidéoludique ou encore la presse généraliste, la presse dédiée aux nouvelles technologies participe à des voyages de presse. C’en est même une pratique institutionnalisée par des entreprises privées, souhaitant communiquer autour de leurs produits et services. Au regard de la littérature scientifique, du voyage observé et des journalistes interrogés, des dangers déontologiques ressortent.
Ces journalistes sont sujets à une influence de ces marques, qu’elle soit consciente ou inconsciente, induite par les voyages de presse notamment. Ces séjours onéreux représentent un « cadeau », un « avantage en nature » qui leurs sont offerts, ce que leurs rédactions ne sauraient offrir du fait de manque de moyens financiers. Le dilemme moral qui en résulte est au cœur des préoccupations des journalistes interrogés (dans le cadre de cette recherche notamment).
Les voyages de presse symbolisent donc l’équilibre délicat entre la nécessité économique d’un média et l’impératif éthique du journalisme. La dépendance financière vis-à-vis des marques pour l’accès aux produits et aux informations crée alors un terrain propice à des influences, même indirectes, sur le contenu éditorial. Par exemple, un média peu invité comme Rotek ne reçoit que très peu de propositions : s’il en reçoit une, il y a de fortes chances qu’il accepte et donc qu’il publie des articles à ce propos. Cette recherche souligne alors l’importance pour ces médias de définir une colonne vertébrale éthique et déontologique, alors que la compréhension des nouvelles technologies est un enjeu démocratique ; la qualité et l’indépendance de l’information tech sont essentielles pour éclairer citoyens et consommateurs.
