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Comment j’ai raté le concours de journalisme d’Assas

En 2024, j’ai tenté le concours de journalisme d’Assas, ou plutôt de l’IFP. J’ai échoué, arrivant à la 53ème place de la liste d’attente, soit sur la 78ème place du classement. Puisque je ne réessaierai jamais, alors autant essayer d’aider les futurs candidats. Voici tout ce que j’ai appris sur le concours de l’IFP.

Tous ces conseils et méthodes ne sont pas forcément les meilleurs et ne vous ouvriront pas nécessairement les portes de cette école. J’en veux pour preuve le fait que je n’ai pas été retenu ! Ils ne sont issus que de ce que j’ai pu glaner ci et là, alors même que sur Internet, il semble manquer de ressources accessibles publiquement. C’est un exercice que j’avais fait sur le concours du Celsa, que j’ai raté aussi (décidément, mais cette fois-ci en communication) et qui avait aidé un certain nombre de candidats : alors il me paraît utile d’essayer d’aider ceux qui veulent s’attaquer à Panthéon-Assas.

Comment se déroule le concours de journalisme de l’IFP ?

Il est à noter que le concours de journalisme d’Assas est payant : 15 euros de frais de gestion de dossier, à payer en ligne ou à l’agence comptable de l’université. Des frais à déplorer pour une université bien sûr, mais qui sont beaucoup plus faibles que pour le reste des écoles, y compris publiques, y compris celles « reconnues par la profession ». Donc candidater à l’IFP, ce n’est pas prendre le risque de très probablement « perdre » 200 euros par exemple.

La constitution du dossier d’admission du concours de journalisme d’Assas

Dans les documents classiques à ajouter à votre dossier, il y a la traditionnelle fiche de renseignements, les résultats scolaires/universitaires, les langues maîtrisées ainsi que le CV. Vous devez aussi renseigner au moins un stage dans une rédaction : c’est le parti pris de l’IFP : « nous souhaitons qu’ils [les candidats] en connaissent le fonctionnement et confortent leur vocation. […] Cependant, compte tenu des circonstances sanitaires, les stages étant plus difficiles à décrocher, ce stage n’est pas obligatoire mais il reste recommandé. » On imagine que cette dernière indication n’a simplement pas été actualisée. À noter que le stage peut être effectué après votre candidature, soit entre avril et août. L’IFP demande toutefois une attestation de stage.

Le dossier est donc surtout constitué de quatre éléments :

  • Un questionnaire
  • Un texte de rédaction
  • Un autoportrait
  • Un projet de reportage

Ces quatre exercices sont notés et permettent de vous attribuer une moyenne : c’est sur cette base que l’IFP décide de qui passe à la prochaine étape, en fonction du nombre de candidats retenus.

Le questionnaire

Voici les questions posées :

  • Quels sont les logiciels ou applications maîtrisés et le degré de maîtrise […]. Pour chaque logiciel ou application, vous devez indiquer le degré de maîtrise.
  • Avez-vous un compte Twitter ? Si oui, combien avez-vous d’abonnés ?
  • Poursuivez-vous actuellement d’autres études universitaires ? Lesquelles ? Où ?
  • Avez-vous suivi une formation particulière pour préparer le concours (type « prépa ») ? Si oui, laquelle ?
  • Demandez-vous une inscription dans un autre établissement ? Si oui, Lequel ? Pour quelle formation ?
  • Quelle a été votre activité depuis votre dernier diplôme, si vous ne l’avez pas obtenu cette année ? Justifiez toute interruption dans votre scolarité.
  • Exercez-vous actuellement une activité professionnelle ? Si oui, laquelle ? Depuis quand ?
  • Avez-vous un projet journalistique que vous aimeriez développer durant le master de journalisme ou ensuite ? (par exemple : créer une Web TV, réaliser un documentaire, faire un tour du monde journalistique, créer une entreprise de presse, développer une application, réaliser une longue enquête, écrire un livre…).
  • Informations complémentaires que vous jugez utiles à l’examen de votre candidature.

Le texte de rédaction

En 2024, le sujet était celui-ci :

« Vous rédigerez un texte dont le sujet est « La République et moi » en 1500 signes (espaces compris, +/- 150 signes). Le jury sera particulièrement sensible à votre sens de la narration, à la construction de votre texte et à son style. Ce texte sera dactylographié et vous indiquerez vos prénom et nom ainsi que le nombre de signes. »

Voici ce que donnait mon propre texte : La République et moi

L’autoportrait

Voici la consigne donnée par l’IFP :

« Vous dresserez un autoportrait de vous-même. L’objectif est de faire apparaître les éléments de votre caractère, de votre expérience ou bien des épisodes de votre vie qui ne figurent pas forcément dans votre curriculum vitae. Ce texte illustrera votre style, le regard que vous portez sur vous-même, des éléments factuels sur votre personnalité et votre parcours. Il vise à mieux vous connaître et à évaluer votre capacité à écrire. Cet autoportrait de 1500 signes (espaces compris, +/- 150 signes) sera dactylographié et vous indiquerez vos prénom et nom ainsi que le nombre de signes. « 

Pour mon propre autoportrait, j’avais naturellement anglé sur mon expérience de rédacteur sur Rotek ainsi que mon apprentissage à Frandroid, en parlant des tests de produits et de la culture web/numérique. L’idée est de vous imaginer plus tard, une fois votre carrière lancée, en abordant vos thèmes de prédilections, vos supports et médias préférés. Le tout au regard de vos expériences passées et actuelles : stages, expériences journalistiques, suivi de l’actualité, sensibilités personnelles, etc.

Le projet de reportage

Voici la consigne donnée par l’IFP :

Vous élaborerez et défendrez un projet de reportage de 1500 signes (espaces compris, +/- 150 signes).

« Au coin de la rue ou à plusieurs milliers de kilomètres de chez vous, décrivez le reportage que vous aimeriez réaliser. Vous avez une totale liberté sur la forme et le choix du sujet, mais vous devrez définir :

  • Pourquoi vous avez choisi ce sujet ;
  • Le support de presse (ex : TF1, Le Monde, RTL, L’Obs, …) ;
  • L’angle du sujet ;
  • Les personnes que vous voudriez interviewer et comment vous les contacteriez/rencontreriez ;
  • En quoi il peut intéresser un public (que vous pourrez préciser).

Le jury sera particulièrement sensible à la faisabilité, l’esprit d’analyse, la cohérence et l’originalité de ce projet de reportage. Ce texte sera dactylographié et vous indiquerez vos prénom et nom ainsi que le nombre de signes. »

Pour le projet de reportage, vous pouvez apporter la cohérence à votre candidature en reliant votre autoportrait au projet de reportage. Si vous avez abordé une thématique journalistique dans l’autoportrait, vous pouvez l’aborder également dans le projet de reportage.

L’oral de motivation du concours de journalisme d’Assas

En 2024, sur environ 800 candidats, 180 ont été « admissibles », c’est-à-dire convoqués à passer un entretien de motivation. Ils sont passés devant six jurys cette année, constitués chacun d’un enseignant de l’IFP ainsi que d’un journaliste passé par cette école. Le format est assez particulier par rapport aux autres écoles de journalisme : il dure de 50 minutes à une heure, ce qui est très long. Il y a beaucoup de questions autour de l’actualité : c’est la marque de l’IFP dans les entretiens oraux.

Comment préparer l’oral

Pour se préparer, c’est à la fois simple et difficile : je suis loin d’être bon dans les entretiens oraux. Sachez simplement avancer vos motivations, ce pourquoi vous voulez rentrer à l’IFP particulièrement, avoir une bonne culture générale et surtout, réviser à fond l’actualité.

Le déroulement

L’entretien oral se déroule via Zoom : durant ce moment, vous ne pouvez consulter quoique ce soit, sur votre ordinateur ou sur votre téléphone portable, ni aucun document. Le jury vous demandera de faire tour de la pièce avec votre webcam, afin de s’assurer qu’il n’y a personne ni rien pour vous aider. Comme écrit dans la convocation, il faudra envoyer un mail pour attester votre présence à l’oral.

Dans un premier temps, le jury vous questionnera sur votre personnalité, vos motivations, en vous demandant par exemple quels sont les journalistes que vous admirez le plus, depuis quand vous rêvez d’être journaliste, où est-ce que vous vous voyez dans dix ans. Il peut s’agir d’une présentation de soi-même (deux à trois minutes maximum) : travaillez-la sur le bout des doigts, mais faites essentiellement attention à ce que ce soit naturel. N’apprenez pas des phrases par cœur : ça s’entendra forcément. Et aussi : ne récitez pas votre CV, le jury l’a sous les yeux.

Le jury fera ensuite un retour sur les textes, en questionnant vos choix de sujet de reportage, d’angle sur le texte de rédaction ou bien par rapport à votre auto-portrait. C’est l’occasion d’avoir une discussion avec eux sur le journalisme et/ou sur l’actualité, de sortir du cadre des questions réponses. Pensez donc à relire ces productions en amont pour bien les avoir en tête et les défendre. Vous pouvez également être interrogé sur le livre à lire : c’est souvent un ouvrage d’un journaliste. Par exemple, le concours de journalisme d’Assas de 2024 demandait de lire La Fabrique du monstre de Philippe Pujol. Souvent, les questions ne sont pas très difficiles : lisez quand même le livre et avant l’oral, notez des idées-clés et de quoi rebondir sur le sujet. Si le jury est filou, il peut aussi vous demander, selon vous, pourquoi est-ce que l’IFP a choisi ce livre, comment est-ce que vous le mettriez en relation avec la pratique du journalisme, ou bien quel chapitre est-ce que vous avez préféré.

la fabrique du monstre

Puis, ce sera l’heure du « reportage instantané » : une thématique vous sera donnée, et vous aurez deux à trois minutes pour faire quelques recherches, prendre des notes. L’idée est de proposer un sujet de reportage, un « synopsis », avec un angle, des personnes à aller interroger, mais aussi un support et un média à qui il pourrait correspondre. L’une des choses les plus importantes, c’est d’être original : ça intriguera le jury.

Enfin, et c’est la partie la plus dure : les questions d’actualités. Quel est le sujet principal de la journée, de la veille ? Que s’est-il passé la semaine dernière ? Tous médias, tous supports confondus : il faut montrer que vous vous informez partout, tout le temps. Mais il y a aussi des questions de culture générale, ou du moins d’information à plus long terme : on peut vous questionner sur qui est dans tel ministère par exemple. Autre piège : les définitions : « serendipité », « dichotomie », etc. Cela peut tomber, alors évitez d’être en porte-à-faux là-dessus.

L’état d’esprit à avoir

Pour maximiser ses chances, il faut connaître l’IFP, à savoir : qui sont les enseignants et les intervenants, mais aussi les anciens étudiants. La pire des erreurs serait sans doute d’être hypocrite par rapport à l’IFP : ça se voit et c’est pas très gentil. Le questionnement pour tout un chacun reste quand même : dois-je dire que j’ai candidaté à d’autres écoles de journalisme ? Là-dessus, j’avoue ne pas avoir la réponse. Vous pouvez axer sur votre volonté d’avoir une formation professionnalisante, en abordant pourquoi pas la question de l’alternance en M2, qui peut naturellement se poser.

Et si vous ne savez pas répondre à une question : ne répondez pas ! Ou plutôt, reconnaissez que vous ne savez pas. Le métier de journaliste est bien d’informer, mais pour informer, il faut s’informer. Ce n’est pas pour rien que la qualité qu’on trouve souvent chez les journalistes, c’est la curiosité. Mais pour attiser la curiosité, il faut d’abord… ignorer quelque chose.

Les potentiels membres du jury

Comme évoqué précédemment, le jury est composé d’un enseignant ainsi que d’un journaliste. Et pour savoir qui sont les enseignants qui « peuvent tomber », c’est tout simple : aller sur la page de l’équipe pédagogique de l’IFP. Vous y trouverez les noms, et surtout les domaines d’intérêt des enseignants. Retenez-en quelques-uns, on ne sait jamais, cela peut vous permettre d’adapter votre discours. Attention, c’est quand même à double-tranchant : aller sur leur terrain, c’est aller sur un terrain qu’ils connaissent bien, donc gare aux gaffes.

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Pour aller plus loin

Le groupe Facebook de préparation au concours de journalisme d’Assas

C’est l’élément le plus important : le groupe Facebook de préparation au concours de journalisme d’Assas. Il est tenu par les étudiants actuels de l’IFP et c’est là que tout se passe : informations, conseils, entraide, etc.

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Les réunions sur Zoom pour se préparer au concours

Il y a deux réunions organisées par les étudiants sur Zoom : une en amont du dossier d’admissibilité, et une en amont des oraux. Elles ont pour but de conseiller les candidats sur ces deux étapes, avec le regard d’un enseignant. C’est aussi l’occasion de poser des questions, quelles qu’elles soient. Si vous le pouvez, tentez d’y participer, c’est très important : ça rassure et ça aide réellement.

Les oraux blancs organisés par les étudiants de l’IFP

Pour ceux qui sont admissibles et qui vont passer l’oral, il y a autre chose mis en place : les oraux blancs. Les étudiants de l’IFP donnent de leur temps pour vous faire passer des entretiens blancs, comme s’ils étaient le jury. C’est le moment de se tester, de s’entraîner. Les étudiants mettent à disposition un tableur avec leurs disponibilités : vous pouvez vous ajouter sur les cases afin de réserver ces « créneaux ».

Que faire après la publication des résultats

Pour les résultats d’admissibilité, vous pouvez recevoir un mail, mais ils mettent du temps à être envoyés. Votre résultat sera cependant systématiquement affiché sur la plateforme de candidature : c’est là que vous serez sûrs de le connaître. Si vous êtes admissibles, alors vous recevrez une convocation dans les jours qui suivent à un entretien oral.

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Quant aux résultats définitifs, ils sont généralement publiés une dizaine de jours après les entretiens, cela peut aller très vite. Alors, une liste est publiée sur le site de l’IFP : les mails ne sont pas forcément envoyés, du moins si vous êtes sur liste d’attente. Ce sont les 25 premiers qui sont sélectionnés, et les autres sont sur liste d’attente. Cependant, les têtes de liste ont des probabilités d’être acceptés ailleurs : ils peuvent refuser de venir à l’IFP. Dans ce cas-là, la liste d’attente commence à remonter et les candidats qui y étaient sont appelés. Pour savoir si vous avez des chances d’être pris si vous êtes dans cette liste, là encore, les étudiants de l’IFP ont tout prévu. Ils mettent à disposition un tableur avec la liste, et demandent aux étudiants d’indiquer s’ils vont à l’IFP, s’ils attendent encore un désistement, s’ils laissent leur palce ou s’ils attendent encore un peu. Bref, de quoi se faire une idée de votre positionnement.

Les probabilités d’être admis en master de journalisme à l’IFP

Parlons statistiques : ça intéresse toujours les candidats de savoir quelles sont les « chances » d’être amdis ou non, ou plutôt les « probabilités ».

Au concours de journalisme d’Assas en 2024, il y avait 800 candidats environ. Sur ces 800 personnes, les 180 avec les moyennes les plus élevées ont été envoyées aux oraux : elles ont passé la phase d’admissibilité. Et sur ces 180 candidats, seuls 25 seront pris. Pourtant, ce ne sont pas les 25 meilleurs qui rentreront à l’IFP. En effet, certains se désistent, le plus souvent pour aller dans une autre école de journalisme. C’est là que la liste d’attente entre en piste. Moins de deux semaines après les oraux, l’IFP publie une liste des admis ainsi qu’une liste complémentaire : cette année, 84 noms supplémentaires étaient affichés. La question est donc de savoir jusqu’où remonte la liste. Il semblerait qu’elle s’arrête quelque part entre la 40ème et la 50ème place cette année. En réalité, il est très difficile de savoir à combien de places cela peut remonter. Néanmoins, on peut trouver la réponse dans les archives du groupe Facebook des candidats :

  • 2019 : 21ème sur la liste d’attente
  • 2020 : 28ème sur la liste d’attente
  • 2021 : 25ème sur la liste d’attente
  • 2022 : 43ème sur la liste d’attente

Bon courage pour le concours de journalisme d’Assas !

Ne restent plus que les encouragements à vous formuler : candidatez, essayez, échouez, réussissez. Dans tous les cas, vous n’en sortirez que grandis et/ou diplômés. Ce n’est pas parce que vous aurez « fait » l’IFP que vous serez un grand journaliste, et devenir un grand journaliste ne demande pas de passer par cette école. Il y en a d’autres auxquelles vous pouvez candidatez, alors tentez-les aussi. J’ai raté, alors faites mieux, comme dirait l’autre.

Hugo Bernard

Étudiant en infocom

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